Il a de nouveau été largement question de sécurité en septembre au Conseil provincial du Hainaut. Côté positif : la Province a formellement confirmé sa déclaration d’intention de reprise par bail emphytéotique du site de la Protection civile de Ghlin. Côté négatif : le financement des zones de secours attribué aux Provinces est considéré comme ingérable ! Il atteint, à l’analyse de la dernière note du Gouvernement wallon, la somme de 60 millions pour le Hainaut. « Une inflation immaîtrisable », considère le Président du Collège provincial Serge Hustache qui tire la sonnette d’alarme.
La Province de Hainaut a beaucoup misé, ces dernières années, sur la formation aux métiers de sécurité. C’est dans cette logique que le Gouverneur Tommy Leclercq et le Député provincial Pascal Lafosse ont œuvré à la reprise d’un espace fédéral délaissé depuis le départ de la Protection civile de Ghlin. Situé à quelques encablures de l’Institut provincial de formation, ce site est apparu idéal pour développer un centre de formation et d’entraînement destiné à tous les acteurs de la sécurité publique et privée. Le Conseil provincial a approuvé cette démarche en validant la déclaration d’intention de reprise par une emphytéose de 50 ans (pour 69 800 € annuels) de l’ensemble du site de la Protection civile ; un acte ayant par ailleurs déjà obtenu le feu vert du Conseil des Ministres fédéraux.
« Le site devrait intégrer un centre hainuyer de coordination et de commandement pour la gestion de crise à l’initiative du Gouverneur et pourrait permettre la réimplantation d’une antenne de la Protection civile », explique Pascal Lafosse. Conçu de manière phasée et s’appuyant sur des partenariats extérieurs, le projet doit permettre de désengorger les infrastructures de l’Académie de police de Jurbise, de favoriser davantage de formations pratiques et de répondre à des besoins logistiques de la zone de secours Hainaut Centre, du Parquet et de la Croix rouge. Avec le site de « Hainaut Sécurité » dédié à l’école du feu à Bauffe, c’est un concept mutlidisciplinaire, complémentaire et cohérent qui se construit. Les services du Gouverneur y voient l’opportunité de développer des exercices et des simulations de crise impliquant les autorités et les acteurs de la sécurité.
« L’estimation des services provinciaux quant à la rénovation du bâtiment principal qui comportera des classes, bureaux, sanitaires, chambres et des hangars est d’environ 500 000 euros, détaille Pascal Lafosse. Les occupations de locaux par des partenaires intéressés et par la police fédérale feront l’objet d’une convention de location et permettront d’augmenter nos recettes. Tout nouveau projet de bâtiment fera bien entendu l’objet de recherche de subsides et d’une étude sur la mutualisation et la co-gestion de l’espace ». De quoi permettre un montage financier solide avec le soutien du Gouverneur par le biais notamment des fonds fédéraux Seveso et nucléaires.
Financement des zones de secours : « une pure folie immaîtrisable basées sur des données imprécises »
De rigueur financière il est également question quand on évoque le dossier particulièrement sensible des zones de secours.
On le sait, le Gouvernement wallon a décidé de faire supporter par les Provinces 60 % des dotations communales aux zones d’ici 2024. Un objectif quasi impossible à atteindre pour le Hainaut sans conséquence sur les compétences de la Province et les services qu’elle rend.
« La dernière note du Gouvernement wallon datant de juillet n’est pas de nature à nous rassurer, dénonce Serge Hustache. On y découvre une évolution du coût des zones de secours en 2024 totalement ingérable pour le Hainaut. D’une première note en mars 2020, où ce coût était estimé à 44,6 millions d’ €, la dernière note fait état d’une augmentation de 15 millions d’euros pour 2024 !… Soit un montant de 59,2 millions d’€ qui représente la totalité de nos frais de fonctionnement. Ces chiffres évoluent en outre sans que nous ayons le moindre détail sur le budget des zones de secours. Pareille réforme est une pure folie immaîtrisable basée sur des données imprécises, ce qui n’augure rien de bon pour l’avenir de nos finances provinciales ».
Le Président du Collège provincial constate qu’alors que le Fonds des Provinces se réduit, le montant à consacrer aux zones de secours augmente, particulièrement en Hainaut. Ce qui posera un vrai problème juridique à terme. « Tout porte à croire, qu’au vu de l’évolution des coûts des zones de secours, le montant affecté à leur financement aura dépassé le Fonds des Provinces bien avant 2024. Ce dépassement est non seulement contraire au respect de l’autonomie fiscale, mais également en contradiction avec la loi fédérale sur la sécurité civile. L’intervention des Provinces doit donc se limiter strictement au Fonds des Provinces».
Et Serge Hustache d’en appeler donc à un mécanisme de contrôle rigoureux des budgets des zones de secours et à une représentativité provinciale dans les structures de gestion à la hauteur de sa participation au financement.